Arronnes, l’église Saint-Léger
Samedi 7 juillet, une visite de cette église romane, commentée par M. Joseph Caccado, grand spécialiste d’art religieux, était organisée et m’a permis d’entrer pour la première fois à l’intérieur. Nous avons pu aussi visiter la Maison Granet, au cœur du village, dans laquelle sont exposés quelques vestiges de modillons, chapiteaux et statues retrouvés sur le site. Beaucoup de symboles ont ainsi été expliqués pendant cette exploration de l’art roman. Je vais essayer d’en résumer quelques uns…
Selon le principe de construction d’une église romane, la façade possède trois portes. Bien souvent, seule la porte centrale est réalisée et les deux autres matérialisées par des niches aveugles. À gauche la porte Saint-Gabriel, archange de l’Annonciation. Au centre l’entrée dédiée à Saint-Jean-Baptiste et à droite à Saint-Michel.
L’église a subi plusieurs modifications au cours des siècles mais ces travaux n’ont pas trop altéré son aspect.
Porte Gabriel, statue de Saint-Léger. L’arcade de la porte Saint-Jean-Baptiste, supportée par deux colonnes dont les chapiteaux sont malheureusement très dégradés, comporte un premier cintre en forme de tore, qui symbolise le passage de la terre à la spiritualité. Au sol, à l’origine, il y avait une pierre qui matérialisait l’entrée dans le monde de l’esprit, nous libérant des forces terrestres. Du profane au sacré.
Les trois niches supérieures se rapportent à la Sainte-Trinité.
L’animal se mord la queue, symbole de force.
Trois modillons sculptés : Deux têtes représentant la réflexion intérieure (yeux fermés) et la recherche, le savoir (yeux ouverts). Le troisième, et ceux sur le cliché dessous, formés de rouleaux qui symbolisent les cinq livres de la Torah.
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L’intérieur de l’église a été réduit à sa plus simple expression ! Au fil des siècles, les chapiteaux et, peut-être, peintures murales ont disparu. On retrouve les statues de Saint-Pierre et Saint-Léger, celles-ci en bois peint.
Ces colonnes me semblent avoir été posées lors d’une (re)construction postérieure à l’édification de l’église…
Devant l’autel, la « pierre des morts », est située à l’emplacement même d’une source, car toutes les églises romanes sont bâties sur des cours d’eau souterrains. Poser le cercueil sur cette dalle permettait au prêtre de faciliter l’élévation de l’âme du défunt, le soustrayant aux forces telluriques.
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À l’extérieur, nous passons par ce qui était le jardin du curé, joliment réaménagé et fleuri. Sur un support pivotant, ce très gros chapiteau dont les quatre faces sont sculptées de symboles différents. Je ne saurai en expliquer les thèmes, mais il faut noter qu’aucun motif ne représentent les personnages de la Bible, ni de l’Ancien ni du Nouveau Testament ! C’est une caractéristique primordiale de l’époque romane. La recherche spirituelle, en cheminant dans une église, est illustrée de motifs floraux, animaliers et humains, parfois étonnamment monstrueux, érotiques ou vulgaires ! (Je n’ignore pas les églises peintes dont les fresques, au contraire, sont peuplées de personnages chrétiens). Ce ne sera qu’après différents conciles, et l’arrivée du style dit Gothique, que les illustrations sculptées se rapportant aux personnages des Écritures apparaîtront. Et surtout par les vitraux.
De ce jardin, nous entrons dans la « Maison Gamet », où sont exposés quelques pierres sculptées et une Vierge Noire.
Un sage, barbu, yeux et bouche fermés, paix intérieure…
Une pierre étrangement sculptée, sur trois faces et percée en son centre ! Notre guide n’a pas su nous donner l’explication ?..
Ce motif, que l’on prendrait par erreur pour des feuilles d’acanthes, représentent en réalité la chélidoine, plante dont le latex avait la vertu médicinale d’ouvrir les paupières collées, donc d’ouvrir les yeux. Elle symbolise l’ouverture au monde de l’esprit…
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Vierge Noire : Toujours présentée de cette façon, très droite avec le fils de Dieu sur ces genoux, levant les trois doigts de la Sainte-Trinité, et dont le visage a les traits d’un adulte.
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Avant de quitter Arronnes, une autre maison remarquable, à côté de l’église, sous la garde du soldat de « La Grande guerre ».
Fin de la visite…
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Reportage très intéressant qui m’a permis enfin d’entrer dans cette église !
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Merci pour ce beau partage, vos photos sont magnifiques un vrai régal pour les yeux…
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Merci !
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